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  • Dernière modification de la publication :10 août 2024

Depuis 2015, l’ONG Eco-Benin, en collaboration avec les communautés locales et les chefs dignitaires des cultes endogènes, met en œuvre une pratique novatrice et respectueuse des traditions locales : la sacralisation des mangroves. Cette cérémonie rituelle vise à protéger les écosystèmes de mangroves en les plaçant sous la surveillance de la divinité Zangbeto, également appelée « gardien de nuit », et Avlékété.

Le mercredi 31 juillet 2024, une quarantaine d’acteurs, comprenant des chefs dignitaires de la divinité Zangbéto, des personnes ressources, et des élus locaux des Aires Communautaires de Conservation de la Biodiversité (ACCB) de la Bouche du Roy et du Lac Ahémé, se sont réunis en atelier au Centre Nonvignon à Grand-Popo. Cet atelier avait pour but d’évaluer l’impact des actions de sacralisation antérieure et de définir de nouvelles perspectives pour la conservation durable des écosystèmes de mangroves.

En une décennie d’actions de sacralisation, les résultats sont probants. Neuf (9) sites ont été sacralisés dans l’ACCB Bouche du Roy, couvrant ainsi cinq cent (500) hectares de mangroves sous la protection de la divinité Zangbéto. Aucune infraction n’a été signalée sur ces sites. « Ici, le Zangbéto est notre gendarme, notre police républicaine. Les règles de la divinité ont été respectées à la lettre, bien que cela nous ait parfois posé des difficultés. Les mangroves ont tellement évolué qu’elles ont obstruées certains canaux de passage, mais grâce à Eco-Benin et aux agents forestiers, nous avons pu dégager les branches et retrouver notre chemin », a déclaré KOUMADO Jean-Baptiste, président de l’Association de Conservation et de Promotion Doukpo.

Cet atelier a également nourri la détermination des acteurs de l’ACCB Lac Ahémé, désireux de reproduire cette initiative dans leur zone. « Ce que nous avons entendu ici nous incite à sacraliser toutes les zones de mangroves dans la réserve du Lac Ahémé », a affirmé AGNIDOZAN Maximilien, chef dignitaire du culte Zangbéto de Bopa.

Le processus de sacralisation se décompose en sept étapes : concertation avec les dignitaires et chefs du culte Zangbéto et Avlékété, consultation du fa pour déterminer le jour propice à la cérémonie, préparatifs cultuels pour la sortie de la divinité Zangbéto, sensibilisation de la communauté par la divinité, reconnaissance du site à surveiller, matérialisation physique du site par la divinité, et suivi de la zone par les adeptes. Lors de l’atelier, ces étapes ont été analysées et améliorées, avec l’intégration de nouvelles mesures telles que le renouvellement de la représentation de la divinité tous les six mois, l’analyse des usagers du site à sacraliser, et la collaboration entre chefs religieux des localités desdits usagers.

En outre, l’atelier a permis d’identifier trente potentiels nouveaux sites de sacralisation dans la Bouche du Roy et le Lac Ahémé. Une équipe technique d’Eco-Benin visitera ces sites pour sélectionner une quinzaine pour une sacralisation prévue entre décembre 2024 et mars 2025.

Le département du Mono, fort de son arrêté préfectoral de 2023 interdisant l’exploitation des mangroves, voit ses efforts renforcés par les actions de sacralisation. Cette initiative offre une meilleure protection des écosystèmes de mangroves tout en respectant les traditions locales.

Eco-Benin invite les partenaires techniques et financiers ainsi que les entreprises du secteur privé à soutenir ces initiatives de sacralisation dans les ACCB Bouche du Roy et Lac Ahémé pour une conservation durable et respectueuse des écosystèmes.

Rappelons que le présent atelier a bénéficié de l’appui financier de Join For Water et de Louvain Coopération, tous partenaires de l’ONG Eco-Benin.

ABOKI DANIEL / ECO-BENIN