Démarré en avril 2014, les études préliminaires de création de la Réserve de Biosphère Transfrontalière du Delta Mono ont approuvé la zone de la Bouche du Roi comme une zone continentale et marine d’intérêt écologique majeure pour la protection de la Biodiversité. Ce site de la Bouche du Roi d’une superficie de 9138 hectares a amorcé le processus de création de noyaux de protection avec l’appui du Projet Réserve de Biosphère Transfrontalière du Delta Mono (RBTDM) de la Coopération Technique Allemande (GIZ) et le Centre National de Gestion des Réserves de Faune (CENAGREF) du Bénin ainsi que d’autres partenaires du Togo.
C’est dans cet élan que l’équipe d’Eco-Bénin, en tant que partenaire, a démarré en Juin 2015 les sensibilisations des populations autochtones. Ces entrevues ont été réalisées dans les 8 villages suivants : Avlo-plage, Avlo-village, Lanhou, Kpèco, Azinko, Hakouè, Gninhountinmè et Kouèta.
Deux séances sont exécutées par localité pour diagnostiquer les problématiques concrètes des populations locales majoritairement pêcheurs et leur présenter le présent projet. Ainsi, à la première séance de sensibilisation réalisée à l’aide de posters illustrés sur la dégradation des écosystèmes de mangrove, les populations arrivent à identifier les problèmes de leurs milieux, les causes et d’éventuelles solutions. Le but étant de faire parler les populations sur ce qu’ils voyaient sur les images et les amener à déterminer les problèmes, leurs causes et des solutions d’amélioration.
Les deuxièmes rencontres ont été l’occasion de résumer les principaux problèmes et solutions identifiées dans les 8 villages. Puis de présenter par le biais des supports grand format le projet de réserve, ainsi que les principales étapes nécessaires à la création d’un tel projet ; ces étapes étant 1) cartographie participative, 2) conventions locales, 3) activités de surveillance, et 4) valorisation et exploitation de la réserve.
Au cours de cette phase les populations ont exprimé également leurs inquiétudes auxquelles l’équipe d’Eco-Bénin a apporté des éclaircissements.
Tous les villages sont unanimes pour dénoncer l’état de dégradation de leur environnement et du cadre socio-économique par rapport au passé. Les populations ont également fait part d’un important désarroi et d’impuissance face à ces dégradations et ne savent pas quelles démarches ou organisations mettre en place pour y faire face. Toutefois, il est admis dans plusieurs localités la présence d’espèces emblématiques menacées (lamantins, singes, tortues, oiseaux migrateurs, baleines et dauphins, antilopes, crocodiles, etc) dont la cohabitation durable avec l’homme est de loin une réalité.
Les principaux problèmes soulevés sont l’ensablement du fleuve Mono et les chenaux qui réduit la profondeur des eaux et rend les conditions défavorables pour la faune halieutique. La taille des mailles de filet a également été mise en cause dans cette dégradation. La régulation du débit du fleuve par le barrage Nangbéto a été mise en cause dans la réduction de la salinité de l’eau avec pour cause conséquence la dégradation de leurs conditions de production de sel.
Le problème des mangroves a également été souligné partout, mais de manière différenciée. Soit par excès là où la mangrove obstrue les voies d’accès en pirogue ou soit par leur absence là où les berges sont érodées plus durement par le fleuve.
Dans ce contexte, le projet de réserve, est par conséquent une certaine forme d’organisation pour les populations, et à ce titre il a été majoritairement applaudi dans les villages. Il faut noter que malgré l’enthousiasme manifeste de certains villages, d’autres restent encore sceptiques à l’idée et il faudra par la suite mesurer l’implication des populations de ces localités dans les étapes à venir.
Les inquiétudes manifestées sur la mise en place de la RBTDM sont notamment liées aux règles de gestion qui seront érigées mais également l’extension de ces règles aux villages voisins et de manière plus générale a toute la zone du Delta du Mono. Cette phase de sensibilisation sera suivie par l’étape de la cartographie participative de la RBTDM, Cette étape est d’ores et déjà programmée.
Par l’équipe Eco-Benin RBTDM