D’une superficie de 9 678 hectares, l’Aire communautaire de conservation et de Biodiversité la Bouche du Roy est un lieu unique où l’on peut assister à la rencontre de l’Océan Atlantique et du fleuve Mono. Tous les jours, l’équipe de suivi écologique d’Eco-Bénin effectue rigoureusement un travail de conservation et d’observation de la faune et de la flore.
Depuis plusieurs années, l’ONG Eco-Bénin effectue un suivi écologique de la mangrove : un écosystème de marais présent dans les régions tropicales. La mangrove de l’ACCB la Bouche du Roy est principalement composée de palétuviers, des arbustes tropicaux sempervirents aux imposantes racines qui retombent dans l’eau en s’ancrant dans la vase. Le travail de restauration de la mangrove permet d’améliorer les conditions de vie des habitants des dix-sept villages environnants du fleuve Mono et du chenal Aho ainsi que la conservation de la faune et de la flore.
Ce vendredi 25 janvier 2019, l’équipe composée d’animateurs, stagiaires, de volontaires et de chargés de programme arrive dans cette aire pour une mission spéciale à Azinko : faire le suivi écologique des petits carnivores. Ce matin-là, l’équipe a du faire preuve d’endurance car pour arriver dans la zone des petits carnivores, loin des habitations du village, il faut traverser boue, vase et hautes herbes.
Dans un premier temps, avec l’aide des autorités locales, l’équipe de suivi écologique identifie les empreintes de la mangouste des marais, l’une des trois espèces identifiées aux alentours des sept villages où est placé le matériel de suivi. Pendant plusieurs heures, l’équipe arpente la mangrove afin d’observer les traces de présence de l’espèce. L’objectif est de définir s’il s’agit bel et bien des habitats préférentiels de la mangouste. Ensuite, une caméra trap est placée à environ cinquante centimètres du sol afin de récolter d’éventuelles observations sur la mangouste ou sur d’autres petits carnivores tels que la genette tigrine ou le chat sauvage.
« Le suivi écologique est un moyen de suivre les impacts des actions de conservation de la Bouche de Roy et déterminer si les différentes interventions de toutes les parties prenantes d’Eco-Bénin portent leur fruit. » explique Is Deen AKAMBI, chargé de programme à Eco-Bénin.
L’équipe a pour mission d’analyser et déterminer s’il y a une amélioration ou une détérioration de la faune et de la flore présent dans la mangrove. Malheureusement, il existe des zones de destructions principalement dans les zones périphériques. Il faut donc identifier les surfaces touchées afin de planifier leur restauration.
Dans l’ACCB la Bouche du Roy, les habitants vivent essentiellement de la pêche. L’ONG Eco-Bénin a donc également mis en place des outils pour suivre l’évolution des pêcheries pour analyser la taille des poissons. Chaque outil mis en place est adapté aux populations. Les caméras sont par exemple installées avec l’aide des locaux. Ces derniers assistent donc au processus de suivi, de récolte des données et d’analyse. C’est un travail réalisé collectivement afin de miser sur un résultat optimal.
Sur le long terme, l’objectif est de convaincre les décideurs que la création des aires communautaires de protection de la biodiversité sont des outils de développement et de conservation et des outils de mobilisation de ressources qui permettent d’améliorer la conservation d’un certain nombre d’espèces spécifiques. La présence de différentes espèces comme les tortues ou les lamantins, l’indice de pression sur les mangroves et bien d’autres paramètres que l’équipe de suivi écologique suit au quotidien sont les preuves que leur travail est efficace et nécessaire.
Marie COLARD, stagiaire