Depuis 2019, la production du soja a pris beaucoup d’ampleur au Bénin et est même devenue la principale légumineuse cultivée devant l’arachide et le niébé. Sa production a atteint un pic de 257 000 tonnes en 2019/2020 avec des efforts d’augmentation de superficies et de rendements. Mais au regard des conséquences dévastatrices sur la biodiversité dues à la perte d’habitat orchestrée par l’utilisation des intrants chimiques, des associations professionnelles de producteurs se sont organisées pour produire du soja bio. Une équipe du projet de facilitation d’engagement pour la biodiversité au Bénin BIODEV2030 a effectué une visite de ces coopératives.
Du 31 mai au 4 juin 2022 l’équipe du projet de « Facilitation d’engagements pour la biodiversité BIODEV2030 » a effectué une visite dans les communes de Sidendé, Ouassa Pehounco, Glazoué et Ouèssè au nord du Bénin. Conduite par l’Assistant Technique du projet Mr Is Deen AKAMBI, le Point Focal Convention sur la Diversité Biologique du Bénin et le Coordonnateur National de l’ONG Eco-Benin, l’équipe est allée au contact des acteurs de la filière soja notamment le soja bio identifié par l’étude sur la stratégie d’engagement des acteurs. La mission a donc pour objectif de rencontrer des associations professionnelles qui sont dans la production du soja bio, les organisations non gouvernementales et les structures décentralisées de financement qui les accompagnent, et voir avec ces acteurs leur compréhension sur les menaces qui pèsent sur la biodiversité, comment ils apportent les solutions pour réduire ces menaces. Les illustrations et les exemples que les producteurs ont donnés, montrent qu’ils sont conscients de ce que l’utilisation des intrants chimiques conduisent forcément à la perte de la biodiversité : disparition des certains mollusques, invertébrés, rongeurs ainsi que d’autres espèces végétales contribuant autrefois dans la pharmacopée.
« Tout au long de la mission, nous avons constaté que les producteurs des différentes coopératives rencontrées sont conscients du fait qu’un certain nombre d’espèces qu’ils trouvaient sur leur site de production se font de plus en plus rares à cause de l’utilisation des intrants chimiques. On a également constaté des solutions sur le terrain comme par exemple l’utilisation d’un certain nombre de produit tel que l’inoculum bio pour rendre la terre un peu plus fertile et de façon biologique en vue d’améliorer la gestion durable des terres » a précisé l’Assistant technique du projet, Mr Is Deen AKAMBI.
La production du soja bio est un long processus décliné en trois étapes : la volonté du producteur à aller vers le bio, l’étude historique du sol afin de s’assurer qu’aucun intrant chimique n’a été utilisé sur ce sol pendant les 3 dernières années et un système de contrôle interne pour accompagner les producteurs sur le respect des normes biologiques. La production du soja bio permet d’avoir des rendements élevés sur de petites surfaces. Cette pratique, en cours dans les communes parcourues, est adoptée par environ 60% des producteurs.
Depuis l’année dernière, et pour le cas des associations visitées, elles bénéficient de l’accompagnement de l’ONG Sèhomi Bio Agri sur les techniques de production, l’accès au financement et au marché d’écoulement des produits. Nombreux sont aujourd’hui les producteurs de soja qui veulent aller vers le bio. Démarré avec quatre coopératives dans la commune de Ouèssè, l’ONG Sèhomi Bio Agri accompagne aujourd’hui plus de huit mille (8 000) producteurs de soja bio dans 15 différentes communes.
Le projet BIODEV2030 entendant structurer avec certains acteurs du secteur agricole dont ceux du soja des engagements volontaires pour pouvoir réduire les impacts sur la biodiversité et restaurer les habitats de reproduction de cette biodiversité.
BIODEV2030 est mis en œuvre au Bénin par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature UICN à travers le financement de l’Agence Française de Développement AFD avec le partenariat de l’Expertise France. L’UICN, dans le cadre de l’initiative BIODEV2030, s’appuie sur l’ONG Eco-Benin en collaboration avec la Direction Générale des Eaux Forêts et Chasses (DGEFC).
ABOKI DANIEL / ECO-BENIN