Renverser la courbe actuelle du déclin de la biodiversité est l’un des objectifs du projet de « Facilitation d’engagements pour la Biodiversité – BIODEV2030 ». Après une seconde étude dont l’objectif était d’identifier les opportunités, contraintes et scenarios possibles d’engagement des acteurs des secteurs agricole (coton, riz, soja) et forestier (bois d’œuvre et sylviculture) pour réduire leurs pressions sur la biodiversité, l’ONG Eco-Benin en collaboration avec le point focal Convention sur la Diversité Biologique a organisé les 5 et 6 puis les 8 et 9 décembre 2022 des sessions de dialoguer entre acteurs des filières soja, riz, sylviculture et bois d’œuvre. Elles ont pour objectif de poser les jalons pour un dialogue fructueux devant aboutir plus tard à des engagements volontaires des acteurs des filières « exploitation du bois d’œuvre et de la sylviculture » dans un premier temps et dans un second temps des filières « soja et riz ».
« Il est important de travailler avec les différents maillons au niveau de chaque type de production pour que les acteurs prennent conscience du fait que leurs activités, ne tenant pas compte d’un certain nombre de paramètre, constituent une menace pour la biodiversité. Et qu’ils puissent volontairement s’engager à transformer leur modèle de productions » indique monsieur Is Deen AKAMBI, assistant technique du projet BIODEV2030 au Bénin.
Durant ces deux sessions d’échanges, l’occasion a été pour les participants qu’ils soient exploitants forestiers, membres du patronat, responsables des associations faitières des filières soja et riz, acteurs de médias, de faire des propositions afin de concilier l’agriculture-sylviculture et la préservation de la biodiversité. Heureux de l’engagement dont fait montre Eco-Bénin grâce à l’appui de ses partenaires dans la lutte contre le déclin de la biodiversité au Bénin, le Président de la Fédération nationale des associations des opérateurs économiques de la filière forêt-bois (FéNAOEF-FB), Bertin AKOUTA, a, tout en indiquant qu’il est possible de faire de l’exploitation forestière sans tout détruire, réitéré son entière adhésion au projet BIODEV2030. « La fédération a décidé d’accompagner ce projet parce qu’il s’agit d’une prise de conscience collective. Les acteurs doivent abandonner les pratiques suicidaires d’exploitation forestière. Il est important que ces sessions soient le point de départ de la contribution des entreprises privées comme tous les acteurs de la filière bois d’œuvre pour un changement dans la gestion durable de la biodiversité », a-t-il soutenu.
À l’issue des deux sessions, les premières réflexions de bases sont posées sur comment les filières soja, riz d’une part et sylviculture et bois d’œuvre d’autre part vont contribuer à concilier leurs pratiques et la biodiversité. A cet effet, les dialogues ont permis d’avoir les prémices sur les changements souhaités au niveau de chaque filière, d’identifier les acteurs au niveau de chaque maillon, et ce qu’ils peuvent faire pour réduire leurs impacts sur la biodiversité. Quelques exemples de changements ont été formulés : réserver 5 à 10% de la densité des espèces autochtones dans les plantations forestières ; respecter les règles de meilleures pratiques de gestion durable, d’exploitation, de transformation et de commercialisation des plantations ; améliorer la traçabilité des produits forestiers ligneux ; réduire les produits forestiers ligneux provenant des sources non légales ; promouvoir les espèces autochtones ; préserver une proportion d’habitat naturel dans les plantations ; réaliser un plan d’aménagement et de gestion des plantations ; préserver les grands semenciers d’espèces autochtones lors de l’installation des plantations ; s’approvisionner auprès des structures formelles ; fabriquer des intrants bio propres à la culture du riz ; utiliser les engrais organiques afin de réduire l’utilisation d’engrais, pesticides et herbicides chimiques ; pratiquer zéro labour ou pseudo labour ; utiliser la technique d’assolement –rotation, profondeur de labour, labour selon la pente du sol, technique de zéro labour/ pseudo labour.
Il s’agira donc de prioriser ces propositions d’actions, de voir les liens possibles entre les changements souhaités afin de formuler, dans les mois à venir, sous forme de déclaration les engagements volontaires.
Il faut rappeler que le projet de « Facilitation d’engagements pour la biodiversité – BIODEV2030 » est mis en œuvre au Bénin par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature UICN à travers le financement de l’Agence Française de Développement AFD avec le partenariat de l’Expertise France. L’UICN, dans le cadre de l’initiative BIODEV2030, s’appuie sur l’ONG Eco-Benin en collaboration avec la Direction Générale des Eaux Forêts et Chasses (DGEFC).
ABOKI DANIEL / ECO-BENIN
Relecture : Is Deen AKAMBI, Assistant technique BIODEV2030
À voir : == Comment établir un diagnostic des menaces qui pèsent sur la #biodiversité ? Comment rassembler et impliquer tous les acteurs de la société pour intégrer la biodiversité dans le développement économique ? Comment aider les secteurs économiques à définir des engagements sectoriels volontaires ? La réponse en vidéo des acteurs de BIODEV2030 avec la participation, au Bénin, de l’ONG Eco-Benin, les acteurs des filières bois d’œuvre, sylviculture, riz et ainsi que l’assistant technique de BIODEV2030 au Bénin.