« Biodiversité et agriculture : Impacts des cultures vivrières et du Coton sur la biodiversité », c’est le thème qui a fait l’objet des échanges lors de la deuxième édition du « Café Biodiversité ». Les travaux de ces échanges entre les acteurs du secteur privé (la société pour le Développement du Coton, les associations faitières du secteur agricole, etc.), et public (l’administration forestière) ainsi des organisations de la société civile se sont déroulés ce jeudi 16 juin 2022 à l’hôtel La Casa Cielo de Cotonou.
Dans le cadre de la mise en œuvre du Projet de « Facilitation d’Engagement pour la Biodiversité – BIODEV2030 », l’ONG Eco-Benin et la Direction Générale des Eaux, Forêts et Chasse du Bénin ont organisé, avec l’appui financier de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), la deuxième édition du « Café Biodiversité ». Cette rencontre qui a réuni une trentaine d’acteurs issus à la fois de l’administration publique, du secteur privé et de la société civile vise à sensibiliser les acteurs privés du sous-secteur agricole notamment la culture du Coton et des cultures vivrières, à la valeur de la biodiversité et à la façon de mesurer les impacts et dépendances.
Plusieurs communications ont alimenté les débats au cours de cet atelier. Après une présentation du projet BIODEV2030 par l’Assistant Technique M. Is Deen AKAMBI, les participants ont pris connaissance des résultats de l’étude d’évaluation des menaces portant sur la biodiversité au Bénin. Cette étude réalisée par le Laboratoire d’Ecologie Appliquée de l’Université d’Abomey-Calavi grâce à l’outil STAR, les dire d’experts et la revue de littérature, met aux premiers rangs l’agriculture et l’exploitation forestière comme étant des activités économiques contribuant à la destruction de la biodiversité et de son habitat. Voilà pourquoi, il faudra plus d’engagements des acteurs du sous-secteur agricole pour réduire les impacts sur la biodiversité. Au Bénin, une initiative nommée Transition Agro-écologique des Zones Cotonnières du Bénin (TAZCO2) financée par l’Agence Française de Développement a permis d’établir une liste de 19 pratiques agro-écologiques recommandées pour chaque type de production du coton. Invité à cet atelier, le responsable de la cellule d’appui et de suivi de l’initiative TAZCO2, M. Orou Dèkè GONROUDOBOU, a partagé avec les participants les expériences d’engagement du secteur privé dans la Gestion Durable des Terres, les approches agro-écologiques testées et la gamme d’espèces fertilitaires et fourragères adaptées au contexte pour optimiser les superficies et les rendements de productions, limitant du fait l’impact sur l’habitat de la biodiversité. Face aux objectifs de production nationale du coton d’atteindre le million de tonnes par an, ces techniques doivent rapidement se démultiplier dans les champs paysans et dans une bonne durée afin de renforcer le rendement de production aux dépens de la réduction des surfaces cultivables limitant ainsi la destruction des habitats de la biodiversité.
Sareme GEBRE, Consultante Entreprises et Biodiversité pour l’UICN-PACO, dans son intervention (visio conférence) n’a pas manqué de rappeler l’importance de mobilisation des entreprises en Afrique centrale et occidentale pour la conservation et la valorisation de la biodiversité. Elle a également évoqué avec les participants la nécessité pour les entreprises de passer par trois différentes étapes : la réaction, la transition et l’intégration.
« En cultivant le riz, le coton, ou le soja, nous devons penser à la vie des espèces de la biodiversité pour un avenir équilibré », a insisté Gautier AMOUSSOU, coordonnateur national de l’ONG Eco-Benin avant de suggérer à l’Association Interprofessionnelle du Coton, la mise en œuvre, à grande échelle, d’un dispositif d’encouragement des acteurs qui promeuvent des pratiques agro écologiques.
Des recommandations ont été formulées à l’issue des travaux de cette deuxième édition de Café Biodiversité. Il s’agit entre autres de : l’accompagnement de l’Etat dans l’agriculture biologique et écologique, la prise des mesures réglementaires pour encadrer l’expansion agricole, susciter le dialogue entre acteurs faitières bio et sociétés privées demandeuses, la mise en place des mesures incitatives pour la conversion des producteurs conventionnels, encourager les entreprises à initier des études de référence en utilisant l’outil STAR pour connaitre l’état de la biodiversité dans leurs écosystèmes de vie ou encore accorder plus de budget aux ministères sectoriels dans la prise en compte de la biodiversité.
ABOKI DANIEL / ECO-BENIN